Jean Couranjou |
Demeure et dépendance d’époque turque :
architecture et datation
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De l’ensemble des constructions, seules seront examinées ici les parties les plus intéressantes : les plus anciennes, d’époque turque (en clair ci-contre) :
partie ancienne et principale de la demeure
Le plan ci-dessus et ceux ci-dessous montrent que cette partie ancienne et principale de la demeure est disposée exactement comme le sont les palais et demeures de la Régence turque d’Alger des 17e et 18e siècles. Cette disposition, identique au rez-de-chaussée et à l’étage est telle que les pièces s’articulent de façon identique au rez-de-chaussée autour de la cour intérieure (wust al-dār, CI) carrée, et à l’étage autour de la galerie, superposée à celle du rez-de-chaussée entourant la cour intérieure. Ici, les huit (4 fois 2) colonnes (certaines torsadées) de la cour intérieure supportent la galerie supérieure, les quatre de cette dernière supportant la terrasse. Aux deux étages, les colonnes disposées en carré sont reliées entre elles par des arcs outrepassés à la forme parfaitement définie à Alger à l’époque turque (fig. 4). A chaque angle des galeries inférieure et supérieure, deux autres arcs, encore identiques et entre eux à angle droit, confortent le soutien (fig. 4 et 5, flèches jaunes).
Le vestibule d’entrée (sqīfa, Sk) est très simple et droit, non coudé comme il l’est généralement pour les demeures urbaines. Il donne sur la cour intérieure mais tout d’abord, tout de suite après la porte d’entrée, il laisse à gauche le passage à une petite salle, l’ancienne loge du portier (masrīya) qui peut-être communiquait à l’origine avec celle qui la jouxte (Rp) derrière elle, et qui, elle, ouvre sur la cour intérieure par une entrée en chicane. Une lucarne fait communiquer les deux pièces au niveau de la chicane. Hors cette toute première petite pièce considérée isolément, toutes les autres, conformément à la règle, ouvrent directement sur la galerie, celle qui au rez-de-chaussée est autour de la cour intérieure carrée et celle qui à l’étage est fermée vers l’intérieur par une balustre (darbūz).
Les pièces sont longues et assez étroites, les plafonds étant faits de rondins bruts de thuya, apparents, ne pouvant dépasser 2.70-2.80 m. ; ceux des galeries du haut et du bas sont de 2.16 m. (fig. 5, flèche blanche). Cependant quatre pièces à Djenan’ Baldji ont une largeur supérieure : d’une part, la salle à manger (SM) grâce à son plafond fait de poutres équarries d’un autre bois, plus longues, et naturellement la chambre qu’elle supporte, d’autre part, la bibliothèque à l’étage dont le plafond est fait de deux coupoles basses et de même la sqīfa qui se trouve au-dessous.
Deux pièces possèdent le classique bahū, sorte de grande alcôve donnant à la pièce sa forme en T : le salon et la pièce au dessous. Le bahū de l’étage, au salon, est surmonté de la non moins classique coupole à huit pans et quatre fenestrons (qubba). Elle apparaît sur la terrasse avec le dôme correspondant (fig. 15).
Voici pour la distribution et la forme des pièces, conformes en tout point à celles des demeures algéroises de la Régence turque du 17e et 18e siècles.
Examinons le détail de l’architecture.
Les deux portes d’entrée (fig. 2), celle donnant de l’esplanade au jardin et celle du jardin à la demeure, sont dans leur classique cadre de pierre sculptée marqué à la voûte et aux angles du croissant turc, et coiffé du tout aussi classique auvent de tuiles vertes. Surmontée de sa lucarne à grille, la porte est décorée de bronzes (gros cabochons, serrures, deux heurtoirs = halqa).
Fig. 3a. Carreaux valenciens de 21.5 cm,
(murs de la sqīfa et de la cour intérieure)**
Dès l’entrée dans la sqīfa, apparaissent faïences murales et sol de marbre ici composé de dalles carrées tandis que pour la cour intérieure et la galerie à l’étage, le pavement est fait d’hexagones de marbre également blanc (fig. 4). On verra l’importance d’un tel pavement exceptionnel à l’étage puisqu’il est beaucoup plus modeste pour tous les grands palais de la fin du 18e. Les carreaux (arc-en-ciel à la corne d’abondance) tapissent la base des murs ici comme dans toute la cour intérieure sur une hauteur de 86 cm. De 21.5 cm, ils sont de Valence, Espagne, et datent de 1770-1780. Tout de suite sur la gauche de la sqīfa s’ouvre, on l’a vu, la salle du portier (masrīya) tandis qu’en face de la porte d’entrée, sous son arche de pierre, une porte donne accès à la cour intérieure (wust al-dār) ; très travaillée (ci-dessous à droite) est surmontée d’un fronton en bois de belle facture.
Fig. 4. galerie de l’étage vue de la bibliothèque,
autour de la quelle s’ordonnent les pièces
ci-dessous, élément de frise de carreaux
de Barcelone (13.5 cm) entre galerie supérieure
et cour intérieure du rez-de-chaussée ** (flèche noire)
carreaux voile et rocaille aux trois fleurs** isolés
Les clichés nous montrent une partie de la frise qui domine toute la cour intérieure (fig. 4, flèche noire) et se poursuit de même tout autour. Les deux modèles de Barcelone (Barcelone) qui la composent, tous deux de 13.5 cm, sont voile (= équerre) de toutes les époques mais plus abondant au 18e siècle, l’autre, rocaille aux trois fleurs copie d’un modèle valencien de 21.5 cm, lui contemporain du valencien de la sqīfa et de la cour intérieure ; on peut tout à fait penser qu’il est donc contemporain du valencien arc-en-ciel à la corne d’abondance (1770-1780).
Fig. 6. galerie de l’étage côté sud* :
deux cadres de pierre jumelés ;
à droite, accès muni d’une porte
à un seul battant sculpté
et judas (zarb) (flèche rouge)
et menant par l’escalier blanc
au rez-de-chaussée ; à gauche, accès sans porte aux escaliers montant à la terrasse
Fig. 7. détail de
porte avec
judas (zarb) **
Fig. 8. étage
côté sud, la
bibliothèque
Toutes les colonnes (‘arsa), que leur fût soit à section circulaire (fig. 5 et 6) ou très classiquement bimorphe (octogonale sur les 2/3 inférieurs, torsadée au-dessus ; fig. 4 et 8) et leur chapiteau quadrilobé du type le plus courant à Alger, sont bien d’époque turque. Généralement non respectée par la suite, la forme des arcs qu’elles supportent est également conforme aux normes alors en vigueur. Il en est de même des arcs outrepassés des pièces (fig. 11 et 12), aux proportions cependant légèrement différentes.
Au rez-de-chaussée et à l’étage, les fenêtres intérieures (fig. 5, flèches vertes) sont entourées sur trois côtés de carreaux néerlandais bleus de 13 cm. Spécialement confectionné dans la deuxième moitié du 18e pour l’exportation vers la Régence, ce modèle (voile à la feuille d’acanthe) est très inspiré d’un autre néerlandais beaucoup plus connu, grande feuille d’acanthe (chap. carreaux néerlandais).
Fig. 9. carreaux néerlandais (voile à la feuille d’acanthe) de 13 cm autour des fenêtres intérieures ;
et carreau isolé**
Comme au rez-de-chaussée, les murs de la galerie de l’étage sont tapissés sur une hauteur de 86 cm de carreaux valenciens de 21.5 cm (fig. 5, flèche verte) également de 1770-1780 ; il s’agit cette fois de bandeau vert à bords bleus.
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Fig. 10. carreaux valenciens de 21.5 cm, aux murs à l’étage (bandeau vert à bords bleus) ; et carreau isolé ** |
Le sol de l’étage est pavé des mêmes carreaux hexagonaux de marbre blanc (fig. 4 et 6, flèche marron) qu’au rez-de-chaussée. Cela confirme l’âge de la demeure donné par les grands carreaux valenciens (1770-1780). En effet dans les dix dernières années du siècle commençaient à se répandre les carreaux napolitains qui invariablement pavent le sol de l’étage de tous les palais pourtant beaucoup plus riches que Djenan’ Baldji.
Fig. 11. vue du salon
vers l’ouest *** ;
et frise de carreaux néerlandais **
A l’étage, la balustre (darbūz) de bois (cèdre ou thuya) liant les quatre colonnes sur les quatre côtés donnant sur la cour intérieure (fig. 4, 5 et 11, flèche bleue), respecte totalement la tradition ; toutes très semblables, elles sont pourtant toutes différentes d’une demeure à l’autre ; celle de Djenan’ Baldji présente deux étages de doubles colonnettes finement tournées supportant des petits arcs outrepassés, et des motifs ajourés sur les côtés.
A l’intérieur des pièces, de profondes niches existent dans les murs, par conséquent épais, surmontées comme les fenêtres intérieures, d’un arc tout à fait particulier en accolade (fig. 11, flèche verte) propre à Alger à l’époque turque.
Pièce d’apparat, le salon (fig. 11 et 12) comporte notamment une abondante décoration en stuc, des arcs beaucoup plus travaillés qu’ailleurs et dans chaque angle rentrant du bahū, deux niches étroites en mihrāb (fig. 12). On y retrouve les mêmes carreaux néerlandais que ceux entourant les fenêtres intérieures sur une largeur d’un carreau mais cette fois, en bandeaux larges de deux carreaux (fig. 12, flèches bleues).
Fig. 12. bahū
du salon
en 1965 ***
Fig. 13. salon,
fenêtre géminée sud
(donnant sur « l’olivier »)
Quant aux fenêtres donnant sur l’extérieur (fig. 14 et 15), elles sont pour la plupart rectangulaires (flèches rouges) avec grille épaisse comme celles intérieures mais débordantes, et surmontées extérieurement d’un auvent en ardoise et, au-dessous, d’une plaque identique. Mais au bahū du salon, sur léger encorbellement (fig. 14, flèches bleues), existent, deux fenêtres géminées à mihrāb aux deux arcs outrepassés séparés par une colonnette centrale (fig. 12 et 13, et 14, flèches vertes). Il en est de même à l’étage de la façade donnant sur l’esplanade pour la pièce de toilette. Bien plus, la bibliothèque ouvre sur l’extérieur au-dessus de la pergola par une large fenêtre à trois arcs soutenus par deux colonnettes (fig. 15, flèche verte). Si l’on en croit Ravéreau (1989), ces fenêtres particulières ne sont pas d’origine, la demeure algéroise n’en comportant, selon lui, que de rectangulaires ; il faut préciser que son étude ne concerne que les demeures urbaines. Cependant la question reste posée même pour les demeures de campagne car un certain nombre en ont ; sont-elles d’époque ou ont-elles été aménagées plus tard ? Semblant moulées plutôt que travaillées, les colonnettes des fenêtres de Djenan’ Baldji seraient l’indice d’un remplacement tardif, sans doute par un propriétaire européen.
Quelque soit la forme des fenêtres donnant sur l’extérieur, elles sont surmontées d’une, deux ou trois lucarnes carrées (fig. 14) ou le plus souvent cintrées (fig. 15, flèches orange) à moucharabieh de plâtre.
Fig. 15. façade sud partielle
Au sommet de la maison, pas de toit mais des terrasses au contour matérialisé par une très basse élévation (fig. 16). Sur celle au-dessus de la cour intérieure, apparaît la large ouverture carrée (manqās al-sqīfa), véritable impluvium, qui avait été recouverte après l’époque turque d’une verrière à quatre pentes pour éviter la pluie et l’entrée du froid. Au-dessus de la bibliothèque apparaissent les deux dômes en calotte tandis qu’au-dessus du bahū du salon émerge le dôme (fig. 15, flèche bleue et fig. 16) correspondant à la coupole (qubba) ; conformément à la tradition, il est à huit pans très légèrement concaves et porteur de quatre fenestrons en avancée, munis de verres de couleurs inclus dans le motif géométrique islamique ciselé dans le plâtre.
Fig. 16. sur la terrasse (côté est), le dôme (qubba) correspondant
à la coupole du bahū du salon)***
ci-dessous**** :
présentation groupée de quelques-uns des éléments d’architecture
d’une riche demeure algéroise d’époque turque
(Alger ; Dâr Khiwij al-‘amya = Hôtel Bacri,
actuellement Musée des Arts et Traditions populaires)
Le cliché de la galerie de l’étage de cette demeure algéroise rassemble un certain nom­bre d’éléments caractéristiques de l’architecture turco-moresque de la Régence turque d’Alger. Pour ce qui ne concerne que ceux ci-dessus évoqués :
Flèches rouges = Balustre de bois tourné (cèdre ou thuya)
Flèches orange = Grande porte à deux battants fermés, seuls les vantaux étant ouverts
Flèche verte = Une des deux fenêtres presque carrées de chaque côté de la grande porte
Flèche bleue = Porte cintrée à un seul battant (escalier) dans un cadre cintré de pierre sculptée
Flèches violettes = Grande porte à deux battants entièrement ouverts (fermés à gauche, ouverts à droite).
Les carreaux sont tous de Barcelone (fin 17e-1er tiers du 18e). Ceux des deux frises et de leurs pendentifs ainsi que ceux encadrant les fenêtres sont palme ; ceux à la base des murs sont œillet bleu et voile, en alternance. *
le bardo |
Le bardo est un ensemble situé au jardin à proximité de la maison. Il est constitué d’un portique à trois arches devant lequel se trouve un sol en légère pente, fait de tomettes octogonales associées à des petits carrés de faïence verte et sur lequel repose, en face de lui, un bassin carré aux angles coupés ; ses côtés sont entièrement carrelés de faïences et il supporte une épaisse margelle débordante de marbre blanc. Le troisième élément de cet ensemble est une arche encastrée dans le mur nord limitant l’ensemble et coiffant une banquette en dur recouverte de carreaux.
Fig. 17. le bardo composé des ses trois éléments : portique, bassin et arche à la banquette faïencée.
Portique (istawāna)
C’est une construction de 6.60 m de long ouvrant par trois arches soutenues par deux colonnes tout à fait classiques, dimorphes (moitié inférieure à section hexagonale, moitié supérieure torsadée) façonnées dans le tuf. Entre la ligne de tuiles vertes au sommet et les arcs outrepassés, aux proportions un peu différentes de celles de la demeure, court une frise large de deux carreaux, tous de Barcelone. Elle est faite d'une suite de modèles, chacun réunissant les quatre exemplaires pour former le motif de base ; ils sont disposés de façon à les faire alterner avec celui plus simple voile (= équerre).
Ceux apparaissant sur le cliché du portique (fig. 17) sont (fig. 18) de gauche à droite, (le modèle voile, entre chacun d’eux, n’est pas indiqué) :
œillet bleu, deux quarts de rose des vents, œillet bleu, rocaille aux trois fleurs, rocaille aux trois fleurs, œillet bleu, deux quarts de rose des vents, palme, palme.
Les modèles voile ( = équerre) et rocaille aux trois fleurs ont été vus ci-dessus, constituant la frise de la cour intérieure de la partie ancienne de la demeure. Les trois autres sont représentés ci-contre **.
Le cliché ci-dessous représente une séquence réelle de cette suite, celle ci-dessus soulignée. Rappelons les dates de confection de ces différents modèles, voile mis à part puisque nous avions vu (chap. Les carreaux hispaniques de Barcelone) qu’il avait duré près de deux siècles :
Fig. 18. séquence de la frise du bardo ; modèles alternant avec voile ou équerre.:
de gauche à droite : rocaille aux trois fleurs (après 1760) ; œillet bleu (1685-1740) ;
deux quarts de rose des vents (deuxième moitié 18ème) ; palme (1685-1740)** .
On le voit, ces carreaux ne sont pas tous contemporains. De plus, deux d’entre eux (palme et œillet bleu) sont nettement antérieurs aux valenciens donnant la date de construction de la demeure. Cela signifie que ces deux là proviennent de récupérations. Ce genre de récupérations à partir de monuments ruinés était fréquent dans la Régence turque d’Alger pour deux raisons : la détérioration rapide des constructions due à la qualité souvent insuffisante du matériau et la fréquence des tremblements de terre dont certains furent très destructeurs (1716 et 1755). Or les deux modèles palme et œillet bleu sont précisément les deux de loin les plus abondants à Alger et ils ont été de tout temps largement réutilisés dans la Régence.
bassin
Sur un carrelage au sol, identique à celui des pas de porte (fig. 2, à gauche), le bassin de 2 m de côté est tapissé des mêmes grands carreaux valenciens que ceux du rez-de-chaussée de la demeure : arc-en-ciel à la corne d’abondance (1770-1780).
L’espace de l’ensemble du bardo est limité sur le côté proche de la demeure par un mur le séparant de l’esplanade ; ce mur comporte près du portique une grande niche voûtée à arc plein cintre ; la largeur de l’arche est de 1.62m, sa profondeur de 0.54m ; elle coiffe une banquette en dur (dukkāna) haute de 40.5cm et garnie de carreaux ; ceux de la partie horizontale ne sont pas visibles sur les clichés ; les autres (13cm à 13.5cm) sont de deux provenances au moins. Les voici, assortis de leur époque de confection :
Barcelone
(Cat 1) voile ou équerre : 17e au 19e
(Cat 6) rosace aux quatre fleurs : troisième tiers du 17e
(Cat 10) oeillet bleu : 1685-1740
(Cat 19) deux quarts de rose des vents : deuxième moitié du 18e
(Cat 21) petit-beurre : 1726-1755
(Cat 34) bandeau en quart de cercle aux carrés : 1775-1805
(Cat 39) entrelacs : fin 18e-début 19e
Naples (jamais retrouvés ailleurs)
(Nap 43) Rosace aux quatre triangles : peut-être extrême fin 18e, 19e
(Nap 44) Croix de Malte : peut-être extrême fin 18e, 19e
(Nap 45) Quatre ogives : peut-être extrême fin 18e, 19e
(Nap 46) Grand carré aux petites feuilles : peut-être extrême fin 18e, 19e
Origine imprécise (jamais retrouvé ailleurs)
(D21) fleurette aux deux grandes feuilles : peut-être extrême fin 18e, 19e.
Par rapport aux deux grands carreaux valenciens qui déterminent la date d’édification de Djenan’ Baldji dans sa partie ancienne (1770-80), au bardo, deux sont plus anciens : (Cat 6), (Cat 10), (Cat 21), et d’autres plus récents : les napolitains et le modèle d’origine imprécise. On peut raisonnablement penser que, du fait de leur emplacement les soumettant à l’agression de l’homme, les chutes d’un certain nombre de ceux d’origine (et leur perte) auraient nécessité des remplacements d’une part par des carreaux anciens provenant de démolitions, pour une autre, de carreaux neufs au moment du remplacement.
Conclusions
Les deux modèles de grands carreaux valenciens, les plus nombreux de la demeure, indiquent que la partie la plus ancienne de Djenan’ Baldji remonte à 1770-1780. Tous deux sont rarissimes à Alger comme le sont en général, les carreaux de cette origine et c’est la seule demeure que je connaisse où elle est même dominante, cette place revenant généralement à ceux de Barcelone, de Tunis ou des Pays-Bas. Au cours de mes recherches sur nombre de monuments de l’ensemble de la Régence d’Alger, je n’ai jamais vu ailleurs bandeau vert à bords bleus ; quant à arc-en-ciel à la corne d’abondance, j’ai fini par le découvrir dans une autre demeure d’Alger. Si les autres carreaux ne peuvent infirmer cette période de construction, la présence du carrelage de marbre au sol de l’étage témoigne bien, elle, que la demeure est antérieure aux dernières années du siècle.